Deuil
Le Deuil est comme une boîte pleine d'ombres, une boîte que vous avez réussi à fermer il y a des années, mais qui est toujours là. Vous la transportez, vous l'oubliez parfois, mais elle est toujours là.
L'ombre qu'elle contient est projetée par le trou noir sans fin laissé par l'absence de l'être aimé. Au début, le trou noir vous engloutit complètement; vous ne voyez même plus la lumière du monde qui vous entoure. Vous vous laissez dévorer vivante. Vous voulez juste disparaître, laisser ce trou noir désintégrer votre âme, pour ne plus avoir à affronter un autre moment sans lui.
Mais lentement, très lentement, vous construisez cette boîte, qui peut avoir l'air rustique ou précieuse, peu importe son apparence, puisque vous devez la construire si vous voulez survivre dans ce monde.
Ce labeur prend des jours, des mois, des années, et vous dévaste chemin faisant, lorsque vous vous rendez compte que le Deuil n'aime pas la solitude; il s'entoure de douleur, de chagrin, de regrets, de colère, de solitude...
Et tandis que vous construisez cette boîte, vous comprenez que peu importe la solidité, la fantaisie, la robustesse de celle-ci, le Deuil est toujours à un détail au détour de votre chemin: l'odeur de la mer, un air qu'il chantait, un endroit où vous êtes allés tous les deux, le son d'un rire lointain, quelqu'un qui a la même coupe de cheveux, un étranger qui vous sourit... et la boîte s'ouvre.
Le Deuil vous prend par la main et, si vous résistez, il vous saisit le cœur tout en écrasant vos poumons, vous laissant à bout de souffle et à peine vivante.
Parfois, vous testez votre résistance en jetant un coup d'œil dans la boîte, et par moment, vous pouvez regarder et trouver la force de la refermer. Mais à d'autres, le chagrin s’échappe de la boîte comme une fumée toxique qui vous enveloppe lentement jusqu'à l'asphyxie.
On ne se remet pas de la perte d'un être cher. On passe sa vie à apprendre à vivre sans lui.
Cela fait aujourd'hui (22/09/24) 14 ans que Dylan a rendu son dernier souffle. Je me souviens très clairement de ce moment, et je sais que ce souvenir m’accompagnera jusqu’à ce que moi aussi, je rende mon dernier souffle...
