J’écris pour ne pas sombrer
Lorsque la vie me noie, lorsque les souvenirs liquéfient mon coeur, lorsque les émotions submergent le radeau fragile que représente mon corps, je prends un stylo et le laisse courir sur du papier.
Aussi loin que je me souvienne, j'ai dessiné, peint, écrit, chanté pour me détacher de mes émotions. Et aussi loin que je me souvienne, j'ai traversé des moments d'obscurité totale, où j'avais l'impression d'être suspendue au-dessus d’un gouffre et d’avoir la sensation de pouvoir glisser et mourir à tout instant.
Je n’ai jamais été suicidaire, j’ai essayé d’imaginer ce que ça ferait de prendre ma vie, mais je réalisais que ce n’était pas vraiment la vie que je craignais, mais plutôt les gens qui faisaient partie de la mienne à cette époque.
J'ai dû trouver des moyens pour laisser l'obscurité s'infiltrer dans mes crayons, mes stylos, mes pinceaux et mes notes.
J'ai des douzaines de cahiers, je les achète plus vite que je ne peux les remplir, mais les avoir à proximité m’apporte du réconfort. Je garde tous mes vieux cahiers, j’essaie de ne pas les lire, parce que je ne veux pas être tentée de les jeter. Et de temps à autre, je vais en parcourir un et revenir à différents moments de ma vie.
Parfois, ce que je relis est sombre et effrayant, et cela m’aide à réaliser à quel point j’ai progressé et à quel point j’ai dû être forte pour remonter à la surface.A d’autres moments, ce que je lis me réchauffe le coeur, parce que je retourne à des moments de bonheur et visite des endroits que j'aimais, je serre dans mes bras des gens qui sont partis depuis, et j'ai l'impression qu'ils sont tout près...
J'écris pour ne pas sombrer.